[Gargote Franc -Comtoise] Les bien penseux sont ennuyeux

[b][u]Jour 1
Entrée de la Mère Dheuze dans Dole[/u][/b]

[center][img]http://2.bp.blogspot.com/_dOIOUT74nXM/SnjSnJSnxdI/AAAAAAAABjU/Bh563xYkrV4/s400/RONDES+Metsys+Vieille+Femme.jpg[/img][/center]

[i]La silhouette est massive et ventrue, les mamelles tombantes. L' arrière-train large et mou ne passe que de profil par les portes. Toutes les portes.

La Mère entre dans Dole.

Sa face de poisson mort respire la joie de vivre. La poussière des routes francs Comtoises colle aux rides qui creusent ses bajoues comme de la bouse aux sandales. Des cernes noirs tavelés de couperose lui descendent le long du nez et ses yeux enfoncés promènent un regard fourbe sur la verte province.

Le baluchon sur l'épaule bringueballe. Dedans, il y a son coutelas.
A dix pas derrière, traînant sa carcasse comme on traîne un chagrin, son fils la suit. [/i]

[b][color:469c=darkblue] Bondiou ! Fait trois jours qu'on marche. Rin dans l'ventre ... [/color] [/b]

[i]Elle pleurniche.
Elle traîne des pieds sur les pavés et se mouche dans sa jupe maculée de taches. Ses yeux sont des serres de vautour qui s'accrochent aux façades des hôtels particuliers et des riches palais de Dole.[/i]

[b]
[color:469c=darkblue]L'est plutôt gironde ct'e ville-là. L'est riche ! Ouais, l'est riche Dole. T'en dis quoi la courge ? [/color][/b]
[i]
L'ancienne maquerelle de bordeau a perdu son opulence d'antan. A mesure que son teint se fanait, que sa taille s'épaississait, sa fortune et ses espérances s'évaporaient. Dorénavant, les seuls à prospérer sont les morpions sous sa jupe et la vermine dans les plis de son ventre.

A Dole, elle compte bien se refaire une santé. Se refaire tout court, peut-être bien. Comme dans toutes les grandes cités les sots, les vaniteux et les oisifs à plumer pullulent. Il y aura de l'ouvrage.

[/i]

[i]Elle avise une taverne dans une ruelle, s'arrête pour attendre son balourd de fils, lui fait signe qu'ils vont entrer là et pousse la porte.[/i]

[quote:f782="--Fiston_garlu"][i]Taille de bon géant, sept pieds et quelques phalanges de pouce, le quintal bien mouillé, voire deux, s'il a mangé, Garlu toise le monde de haut, et de toutes ses dents, qu'il a impeccables. Manquerait plus qu'elles tombent, tiens ! Pas question de se mettre à la soupe.

Sur les basques de la Mère, il entre ...[/i]

[color:f782=brown][b] - BAM !![/b][/color]

[i]... en laissant la marque de son front imprimée sur le chambranle de la porte.[/i]

[color:f782=brown][b]- MANGER MAINTENANT MÔMÂ ?[/b][/color]

[i]Pas de réponse mais un "glllrrrrgggllloouiiii" ventresque et implorant pour qu'enfin provende soit trouvée.
Le géant s'immobilise dans le hall. Regard perdu et main au front.[/i]
[b]
[color:f782=brown]- AÏE ! [/color] [/b][/quote]


[quote:f782="--Fiston_garlu"][i]La brève rencontre avec le chambranle ( maintenant ébréché ) aussitôt oubliée, le Garlu montre les dents.
Plus que d'ordinaire.
Là haut une porte s'ouvre, se referme.[/i]

[color:f782=brown][b]- SENT BON! M'MAN ! MANGER EN HAUT ?[/b][/color]

[i]Il n'a pas besoin de coutelas lui, ses pognes larges comme des pelles à boulange sont assez fortes pour écraser, arracher, "pulper" comme il aime à dire, utilisant l'un des cinquante mots de son riche lexique.

Mains en avant, il entreprend de gravir les marches qui gémissent sous son pas. Il bave déjà.

Le tavernier qui jusqu'à présent avait essayé de regarder les deux nouveaux venus sans trop rien laisser paraître, sent l'inquiétude monter quand le gros garçon se dirige vers les escaliers. Il fait signe à son commis qui se trouve à l'étage, les bras chargés de courtepointes, de l'intercepter en même temps qu'il donne de la voix .[/i]

[b]- HOLA MON GARS ! Tu vas où comme ça ? [/b]

[i]Pendant que le commis déboule, le goliath hésite sur les marches, un pied en l'air, l'espace d'une pensée.... ce qui est considérable en ce qui le concerne. Il toise l'homme qui se dresse sur le palier, plusieurs marches au dessus et pourtant à hauteur d'yeux.[/i]

[color:f782=brown][b]- HOLA ? UN VENU ? POUIGE ? TOI DONNES MANGER LA MERE ? MOI TROUVE SEUL ... [/b][/color]

[i]Le Garlu va pour reprendre son ascension lente comme une agonie de pestiféré quand un son gai de petite flûte attire son ouïe fine.[/i]

[color:f782=orange]- Piiiii! Piiiii! Piiii! [/color] [i] fait un serin heureux de se faire remarquer.[/i]
[color:f782=brown][b]- PIIIIIII? QUOI C'EST? MUSIQUE? JOOOLI.[/b][/color]

[b][color:f782=orange]- Piiiiii! Piiiiii! [/color] [/b][i] fait le serin qui se rengorge sous le regard glauque du géant.[/i]

[color:f782=brown][b]- POURQUOI LA BOITE ? [/b][/color]

[i]Garlu saisit la petite cage entre ses immenses battoirs. Le serin commence à trouver cette proximité désagréable.[/i]

[b][color:f782=orange]- Piiiiuuuuuuuuu![/color] [/b]

[color:f782=brown][b]- CA DOUX. .. MOI TOUCHE [/b][/color] [i]dit Garlu en ouvrant le loquet. Un instant plus tard, le serin est blotti dans la main démesurée, petite tête jaune dépassant à peine.[/i]

[color:f782=brown][b]- CA CHAUD... CA BON.[/b][/color]

[b][color:f782=orange]- Piiiuu..Gloup [/color] [/b] [i]fait l'oiselet en disparaissant derrière une double rangée de dents alignées comme des pierres tombales.[/i]

[color:f782=brown][b]- MMMHHH !... CHA BON..... [/b][/color][/quote]



[quote:f782="--La_Mere_Dheuze"][center][img]http://2.bp.blogspot.com/_dOIOUT74nXM/SnjSnJSnxdI/AAAAAAAABjU/Bh563xYkrV4/s400/RONDES+Metsys+Vieille+Femme.jpg[/img][/center]


[i]La mère Dheuze est encombrée. Voilà plusieurs semaines qu'elle porte un poids sur la poitrine, une gêne qui lui rend la respiration sifflante et qui provoque des quintes de toux si violentes qu'on la croirait atteinte du mal rouge. Et voilà que ça la prend au beau milieu de la taverne ! Elle tente de calmer la crise en se frappant la poitrine à grands coups de poings et en aspirant de grandes goulées d'air à chaque fois qu'elle peut. Que dalle ! ça lui fourrage les entrailles en raclant dans les coins et la dernière quinte lui remonte le tout à la bouche. Hoquets.Crachats. Elle vise la cheminée. Le glaviot hideux atterrit sur les chausses d'un bon bourgeois.
Le mère sent que ça devient urgent de se répandre en excuses sinon adieu le souper dans cette belle taverne. Révérence la Mère ... Va pas t'attirer des coinces avec ct'e bonhomme[/i]

[color:f782=brown][b]Oh pardon vot' Seigneurie ! [/b][/color]

[i]Péniblement elle plie. Mais le ventre l'empêche d'aller bien loin. [/i]

[color:f782=brown][b]Vous savez c'que c'est, hein ... A mon âge j'vois pu trop bien et j'ai pu trop la notion des distances. Mes excuses, vot' seigneurie. Chuis qu'une pauv' vieille toute décatie. [/b][/color]

[i]Le bonhomme hurle qu'on lui amène une serviette, de grâce ! N'importe quoi ! OH ! Quelle horreur ! Hola, servante ! Magne ton cul ! Il gesticule, suffoque, fait des moulinets avec les bras.
Finalement, elle ne s'en sort pas trop mal, la mère Dheuze, mais avec tout ça, elle a perdu son fiston de vue. C'est jamais bon de pas l'avoir à l'oeil celui-là. Les cris de l'aubergiste et la mastication du Garlu la ramènent dans le vif du sujet.
[/i]
[color:f782=brown][b]Bon sang d'bon diou ! QU'EST CE TU CROQUES TOI ?! [/b][/color][/quote]



[quote:f782="--Fiston_Garlu"][i]Tout à l'aplatissage des plumes sous la langue, le Garlu ferme les yeux. Première viande depuis.... depuis... bah les nombres n'ont jamais été son fort. En tout cas il a l'appétit sérieusement mis en alerte maintenant.[/i]

[b]QU'EST CE TU CROQUES TOI ?![/b]

[i]La Voix ! Celle de la Mère qui est capable de trancher pour asseoir son autorité. Penaud, le Géant retire d'un index maladroit le serin mâchouillé, le montre au regard vitreux de la Mère. Eclair fugace, vite éteint, la proie n'étant pas à la hauteur de ses espoirs de ripailles. Le fiston redescend deux marches. S'arrête et lève la tête. Des gloussements de femme ondulent dans l'étage, appel voilé à l'assouvissement de chauds appétits. Le Garlu n'est pas savant mais d'expérience il sait que beaucoup de lieux sur cette terre sont à la fois chauds et humides. Ceux-là sont ses favoris. [/i]

[color:f782=brown][b]- EN HAUT... SENT BON... TENDRE ! MOI VOIR ! [/b][/color] [i]dit le colosse en se retournant vers le patron encore sous le choc.

Le Garlu, question appétit, ne craint personne. [/i][/quote]